Visiter le le Musée d'Art et d'Histoire Paul Eluard de Saint Denis pour la première fois et rencontrer une artiste Gabonaise à l'occasion de l'expo Un.e Air.e de famille ? Je n'aurais pas rêvé mieux !
Je vis à Saint Denis, je passe souvent devant le Musée d'art et d'histoire de Saint Denis mais je n'y avais jamais mis les pieds : une faille que je me suis faite un plaisir de combler cette semaine à l'occasion de la présentation presse de l'exposition Un.e Air.e de famille, quartier général et Focus Femmes de la Saison Africa2020.
Expo Un.e Air.e de famille
du 25 Juin au 8 Novembre 2021
Musée d'Art et d'Histoire Paul Eluard
22 bis rue Gabriel Péri
93200 SAINT-DENIS
De Paul Eluard, je ne connais que le poème "La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur" que j'ai appris au collège au Gabon.
J'ai découvert son appartenance au mouvement du Surréalisme et son engagement anticolonial. C'est dans ce contexte que les collections d'objets, de photos et d'écrits de Paul Eluard, Jacques Viot ou André Breton rentrent en résonance avec les oeuvres d'artistes contemporaines africaines et issues de la diaspora. Ces artistes contemporaines posent des questions et proposent d'autres récits concernant les rapports de force dans les flux migratoires, les rituels, l'écologie, l'histoire...
L'exposition Un.e Air.e de famille s'articule en 3 temps.
Les Salles du Chapitre
On y retrouve, entre autres, les oeuvres de Nadia Kaabi-Linke et son installation vidéo "No" qui met en scène le formulaire de demande de visa dans une sorte de messe dont le but est l'absolution de tous soupçons de terrorisme.
On fait également la rencontre de Tuli Mekondjo qui évoque dans "As I Die And Dying Live, So Ye Shall Also Die, And Dying Live" la mémoire collective et individuelle des génocides des Héréros et des Namas commis en Namibie par les Allemands.
Face à la pseudo objectivité de l'histoire écrite par les dominateurs, Malala Andrialavidrazana propose "Figures 1861, Natural History of Mankind" une autre carte de l'Afrique au travers des figures de femmes effacées du récit mais bien en illustrations de billets de banque du Congo Belge, d'Algérie, de Madagascar, d'Egypte et d'Etats d'Afrique de l'Ouest.
La Salle de la Tribune de Mesdames
Des écrivains comme Paul Eluard, Louis Aragon et André Breton ont pris position de manière affirmée contre l'exposition coloniale internationale de 1925 en rédigeant une tribune acerbe pour dissuader les gens de participer à cette oeuvre de propagande.
Les Soeurs Chevalme, seules artistes Françaises contemporaines de l'exposition, nous ont présenté leur installation "Mami Whita : A la française, Maladie d'occupation" comme étant "tout ce sur quoi la société française s'est assise, au sens propre comme au sens figuré, pour vivre confortablement".
En visitant cette partie de l'exposition, j'ai été submergée de toutes sortes d'émotions entre sidération et colère contenue. En tant qu'Africaine Noire, j'ai beau connaître ces faits sombres de l'Histoire, je ne peux pas les aborder avec mesure sachant que les rapports de force d'aujoud'hui entre l'Occident et ses anciennes colonies reposent sur les têtes et les mains coupées d'hier.
Il serait fort utile de montrer cette violence tout au long du cursus scolaire des descendants de colons (tous les Français, disons-le). Ils pourraient peut-être comprendre l'esclavage, le colonialisme et le neo-colonialisme avant de nourrir les idées nauséabondes qui circulent librement ces derniers temps.
La Chapelle
Trois artistes sont mises à l'honneur :
- Euridice Zaituna Kala qui rétablit la mémoire et la visibilité de ceux et celles que l'histoire française a effacé. Elle aborde le sujet de la place des Kanaks lors des évenements des déportations des communards vers la Nouvelle-Calédonie en 1872 et celui de l'exposition coloniale de 1931.
- Kapwani Kiwanga dont l'installation vidéo "Vumbi" m'a beaucoup touchée. On y voit une femme qui, au bord d'une route de terre rouge, nettoie les feuilles des arbres une à une avec un chiffon et de l'eau. Elle montre, par un geste infime l'importance de tous les combats, même les plus insignifiants.
- Owanto, mon coup de coeur, présente un extrait de sa série "Flowers", des photographies en Noir et Blanc d'une cérémonie d'excision. Sur ces photos, les Fleurs en porcelaine d'Owanto viennent cacher les blessures entre les jambes de cette jeune fille et sur les visages des autres excisées, comme pour nous permettre de ne pas détouner le regard devant cette atrocité, comme pour nous nous interroger sur notre rapport au corps de la femme.
Les mutilations féminines génitales son toujours un fait d'actualité sur les 5 continents.
Je ne connaissais pas l'artiste Owanto.
A l'évocation de son nom, je me suis dite "ça sonne Gabonais".
Quand j'ai par la suite appris qu'Owanto est Franco-Gabonaise, cela m'a remplie d'une telle fierté !
Un.e air.e de Famille est une exposition intéressante, vraiment, faites-y un tour cet été.
Après cette longue période de jachère en terme de sorties culturelles, ne reportez pas cette visite à des lendemains incertains.
Besos !
#YourBestAuntie
Blog Afro Beauté Lifestyle
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