Il y a des romans qui vous embarquent dans une histoire et vous font rentrer dans la peau du personnage à un tel point ! Je m'en vais vous parler de "Stay With Me" d'Ayobami Adebayo.
Stay with Me d'Ayobami Adebayo - 4e de couverture.
Précision: le roman "Stay with Me" d'Ayobami Adebayo a été traduit en Français sous le titre "Reste avec moi" mais j'ai préféré lire la version Anglaise pour bien saisir les nuances.
"Yejide espère un miracle. Un enfant. C’est ce que son mari attend, ce que sa belle famille attend, et elle a tout essayé. Mais quand une délégation familiale se présente à sa porte escortant une jeune femme, son univers vacille. Accepter une seconde épouse, c’est au-dessus de ses forces."
Stay with Me d'Ayobami Adebayo - Ma revue.
Est-ce que ce roman m'a particulièrement touchée parce que le spectre de l'infertilité plane sur moi à cause de mon endométriose ? Peut-être.
Tout se passera peut-être bien pour moi, mais je suis plutôt une personne qui anticipe le pire des scénarios pour ne pas être dévastée en cas d'infortune.
Le roman "Stay with Me" commence en 2008 dans la ville de Jos au Nigéria. La scène se passe au moment où Yejide se prépare à voyager. Elle donne quelques indices permettant de comprendre qu'elle a préparé ce voyage depuis longtemps mais on ne comprend pas pourquoi elle a tardé à le faire et pourtant ce serait pour retrouver des êtres chers.
Le suspense plane mais Yejide ne va pas laisser le lecteur perdu en bordure de route.
Elle nous embarque avec elle pour faire un flashback dans sa mémoire et atterrir en 1985 dans la ville d'Ilesa.
Hum ! Je vous conseille de prendre un verre d'eau parce que vous aurez souvent la gorge sèche en lisant les péripéties de cette histoire qui donnera la parole tour à tour à Yejide et à Akin son mari.
Ce roman est révoltant à bien des égards.
Une fois de plus, la responsabilité de l'infertilité et la culpabilité associée reposent sur les épaules de la femme.
C'est à la femme de supporter docilement les remarques, les accusations, les regards, la pitié et le mépris plus ou moins subtil.
C'est à elle de sourire et d'accepter tout le mal que des gens lui infligent tout en prétendant ne vouloir que son bien.
Que fait l'homme pendant ce temps ?
Au début, il fait mine de soutenir sa femme, de se tenir à ses côtés, mais au final, il se plie aux volontés de sa mère, de la famille, de la société, de la tradition...
Ayobami Adebayo transcrit bien les sentiments de la femme meurtrie à chaque nouvel épisode de souffrance. Elle réussit avec brio à nous transporter dans les transes dissociatives dans lesquelles Yejide se réfugie lorsque la réalité de son mariage est trop violente.
C'est aussi la première fois que je lis un roman de littérature africaine traitant de la condition de grossesse nerveuse et je trouve que cette thématique n'est pas assez abordée de manière générale. C'est d'ailleurs en France que j'ai découvert ce sujet.
Parlons du sujet des mères porteuses dans nos sociétés africaines.
Ce concept n'a pas le même visage en Afrique qu'en Occident, non, il est encore plus cruel selon moi : on ne paie pas seulement une femme pour porter un enfant, on l'épouse avec ou sans le consentement de celle qui occupait les lieux au départ. Procréer et assurer la descendance, c'est tout ce qui compte. Quelle violence à la fois pour la première comme pour la deuxième épouse (oui je suis convaincue qu'aucune petite fille ne rêve d'être un jour deuxième épouse, plus ou moins considérée par son futur mari).
Somme toute, le roman "Stay with me" montre que la foi est primordiale dans cette histoire de parentalité.
- Il faut de la foi pour tomber enceinte : croire au succès de tous les protocoles médicaux des plus grandes cliniques, croire en toutes les concoctions bues chez les guérisseurs traditionnels, croire en tous les massages, tous les bains de feuilles, toutes les sessions de prière chez les pasteurs...
- Il faut de la foi pour accoucher sans complications.
- Il faut de la foi pour voir ses enfants grandir et atteindre l'âge adulte en priant qu'aucun accident, qu'aucune maladie ne les emporte à jamais.
- Il faut de la foi pour concevoir et donner la vie à nouveau après le décès d'un enfant.
Pendant ce temps, il faut s'accomoder d'un mari jaloux, d'un foyer polygamique, tout en essayant de faire taire ses propres démons.
Parlons du sujet de la drépanocytose, cette maladie génétique devant laquelle nous sommes impuissants. En tant que personnes Afro-descendantes, ayons le courage de se faire tester avant de faire le choix d'avoir un enfant.
J'aimerais vous raconter tout le roman tellement il y a de choses à dire sur beaucoup de sujets, mais je ne veux pas vous révéler l'intrigue et vous gâcher le plot twist de fin.
J'aime beaucoup les métaphores en anglais utilisées par la romancière Ayobami Adebayo :
"I'm in hot oil" littéralement, "je suis dans de l'huile chaude" pour dire qu'on est noyé dans des problèmes sans nom.
"Even the tongue and the teeth can not cohabit without fighting" pour dire qu'il y a toujours des frictions et désaccords quand on vit ensemble (en couple ou en famille).
Bref, je vous recommande le roman "Stay with me" les yeux fermés et si vous pouvez, lisez-le en Anglais !
Besos !
log Afro Beauté Lifestyle
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