Cette semaine, j'ai posé une question sur Twitter:
"A qui se confient les grandes soeurs qui n'ont pas de grandes soeurs ?"
Être l'aînée - La charge mentale
Vaste sujet. On commence par où ?
J'ai déjà parlé dans mon article sur Les Parents Africains du fait que lorsque l'on est l'aîné dans une famille africaine, on porte sur ses épaules une charge monumentale car on est responsable de nos petits frères et nos petites soeurs. On se doit d'être un modèle alors qu'on cherche soi-même le mode d'emploi de la vie. Notre quotidien est rempli d'injonctions de tous types.
Si dans votre famille, les choses se passent bien et que vous ne savez pas de quoi je parle, tant mieux! Je vous envie !
Mais alors quand on est la fille aînée dans une famille africaine, ce poids est encore plus lourd. Etant l'aînée de fait dans ma famille (je suis le 3e enfant de mon père mais à la maison, je suis l'aînée, bref c'est compliqué), j'ai vécu cette position comme une injustice, comme une imposture.
Nous sommes élevées pour être les femmes noires fortes qui assurent sur tous les plans: il faut être excellentes à l'école, il faut savoir tenir une maison, il faut avoir une bonne réputation, bref, faire tout parfaitement selon les attentes des parents alors que nous sommes des êtres imparfaits. C'est traumatisant et le reconnaître n'est pas une faiblesse.
Dans ce cas, à qui parler de tout ça ? De cette crainte sourde de décevoir ? De toute cette accumulation de traumas ?
Être l'aînée - Garder tout pour soi
Certaines personnes m'ont répondu qu'elles ne se confient à personne, qu'elles gardent tout en elles.
A mon sens, c'est dangereux.
On nous répète tellement que nous sommes les mamans de notre fratrie qu'on finit par l'intégrer alors que non, nous ne sommes mamans de personne sinon de nos (futurs) propres enfants.
On se retrousse les manches et on fait les choses en se disant "si je ne fais pas, qui le fera ?" et on s'épuise tous les jours un peu plus, physiquement mais surtout psychologiquement.
Oui, nous avons été obligées d'apprendre à faire les choses par nous-mêmes, ce qui nous rend particulièrement indépendantes. Mais ce qui est injuste dans cette histoire, c'est que les parents n'imposent pas le même régime à tous les enfants. Non. Ils concentrent leurs efforts sur l'aînée et ensuite lui délèguent la gestion de l'éducation des plus jeunes. Quand on ajoute à cela le fait que certains parents (par pudeur ?) montrent rarement des marques d'encouragement, d'affection et de reconnaissance ou ne savent pas s'excuser quand ils ont été injustes, c'est dur.
Certaines porteront ce poids jusqu'à la fin de leurs jours avec une vie par dépit.
D'autres, comme moi, vont complètement devenir allergiques aux responsabilités qui impliquent d'autres personnes qu'elles-mêmes.
Le reste va essayer de trouver un semblant d'équilibre en priant que la cocotte minute n'explose pas en pleine cuisson.
Être l'aînée - Libérer la parole
La seule manière que je trouvais pour me libérer quand j'étais encore adolescente, c'était d'écrire toutes mes frustrations dans un cahier. Le jour où mes parents ont trouvé ce cahier... Malheur !
Lorsque j'ai posé la question sur twitter, beaucoup ont pu identifier les personnes vers qui aller quand elles ont besoin de déposer leurs fardeaux: leurs amies, leurs petites soeurs, leurs cousines, leur psy, Dieu...
Certaines m'ont répondu qu'elles en parlent à des grandes soeurs de coeur. Etant plus âgées, ayant du recul sur les choses, étant passées par le même chemin, elles sauront tendre une oreille compatissante.
Il y a aussi plusieurs qui ont parlé de créer l'association des grandes soeurs. On en a beaucoup sur le coeur et beaucoup à dire !
A ce sujet, j'ai découvert le podcast "Les Petites Mamans" du collectif Mwasi le podcast qui libère la parole des filles aînées dans la communauté noire.
J'ai écouté tous les épisodes et j'ai l'impression que chacune des participantes parlaient un peu de mon expérience.
Besos !
Blog Afro Beauté Lifestyle
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